Chronique

Lunatic
Black Album

45 Scientific - 2006

Né non pas pour vivre seul, cause au nom de l’universel. »

« Je fais beaucoup de boucan, tu vois bien que je lis peu de bouquins. »

« À chacun ses empreintes mais sur la même sphère. »

« Ils me font marrer : je suis déjà arrivé, ils ont pas démarré. »

« Chacun pour soi dans l’éphémère et l’Éternel pour tous ceux qui ont foi en Sa bénédiction. »

« Mais qu’est-ce que tu croyais ? Qu’on allait rester là à se laisser noyer ?
– Voyons, ici chacun avance selon ses moyens. »

Lunatic : de l’adjectif lunatique, qui « manifeste une humeur changeante et imprévisible ». Duo de rap en français, composé d’Ali et de Booba. Autoproclamé imbrisable, le groupe naquit à la fin du XXe siècle. Il vécut vite et peu, se brisant malgré tout sur les récifs du début de siècle suivant. Le temps de quelques apparitions et d’un seul album (Mauvais oeil, 2000), Lunatic aura explosé les notions de couple archi-mixte et de cohabitation en matière de rap en français, tels « Rambo contre Gandhi, ou quand Marc Dutroux rencontre Candy ». Las, les différences rattrapèrent bientôt les deux hommes, et le duo implosa aussi vite qu’il avait emplafonné les certitudes d’alors. L’horizon à deux ? Il est désormais derrière eux… Une olympiade plus tard, un Black album atterrit dans les bacs, estampillé Lunatic et composé de trois inédits, de quatre lives et de cinq faces B, entre autres. Au-delà des polémiques qui ont entouré sa sortie, il ressort de ce faire-part de décès le sentiment d’un immense gâchis. En effet, quoi qu’en pensent désormais les principaux intéressés, ce couple-là tirait son auditoire vers le haut. En témoignent les versions douces-amères de titres comme ‘Pas l’temps pour les regrets (part. 1)’, ‘Avertisseur (part.2)’ ou ‘Ni strass, ni paillette (part. 2)’ : il est des sommes d’imperfections qui frisent la perfection… Depuis ? Depuis, Lunatic n’est plus, mais Ali et Booba si, et ceci plus que jamais. Comment aurions-nous pu un instant croire qu’ils allaient rester là à se laisser noyer ? Ce recueil posthume et hanté ne recèle au final qu’un seul accroc : la phrase « Si tu en tues un, il en reste un ». Une fois le sombre opus refermé, en effet, l’épitaphe qui semble le mieux coller à la trajectoire du défunt duo serait plutôt : « Si tu en tues un, il en reste deux ».

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