Chronique

Apathy
Put your Dukes up 12’’

OTS Entertainement - 2003

Avant même d’appuyer sur la touche play, on devine que ce que l’on va entendre est destiné à devenir légendaire, tôt ou tard…en effet, Put Your Dukes Up devrait être le dernier maxi d’Apathy sorti sur label indépendant. La fin d’un chapitre en quelque sorte, débuté il y’a une demi douzaine d’années avec la participation d’Ap’, alors âgé de 18 ans, au mythique premier album des Jedi Mind Tricks, et poursuivi depuis par le biais de multiple maxis, featurings, morceaux sur tape et bien évidemment par l’avènement du crew Demigodz. Mais las de n’être estimé que par une poignée d’irréductibles, le MC du Connecticut a donc décidé de passer à ce qu’il considère comme la vitesse supérieure : exit Bronx Science ou OTS, place à Atlantic Records, où son premier album est censé sortir l’an prochain. En théorie seulement, car les fans les plus radicaux affirment qu’Apathy aurait découvert les plans de la maison de disque visant à faire de lui le nouvel Eminem, et qu’il s’apprêterait à claquer la porte du label de Fat Joe et de Lil’ Kim, pour revenir encore plus fort dans le circuit underground.

Mais en attendant, Put Ya Dukes est bel et bien là, et on imagine mal meilleur moyen de tourner la première page d’une carrière que celui employé ici : en effet, il place là trois titres efficaces, soulignant encore un peu plus la constance dont il a fait preuve jusque là dans ses apparitions. ‘Put Ya Dukes’, le morceau, voit Apathy employer son registre favori, celui de l’egotrip et de la battle rhyme : « Me without beef it’s like pervert with no porn« . La prod de 8th Wundah, faisant intervenir une lourde basse et une boucle de synthé, rappelle les instrus de « Sureshot Affair », EP cassette des Demigodz, alors composé du binôme Apathy-Openmic, sorti en 98. Le refrain, quant à lui, n’est pas spécialement élaboré (« You suckaz wanna fight, put your dukes up, You wanna get high, put your dukes up, You wanna grab mic, put your dukes up, You wanna try to bit, put your dukes up, we can do this all night, put your dukes up« ), mais fait mouche, comme les scratchs de Chrum the Skrilla Guerilla en fin de track, reprennant quelques phrases cultes de l’Alien Tongue…Ap will never be defeated…

Le second morceau part d’un beat de Gangstarr, qu’Apathy, intervenant ici comme producteur également, retouche pour en faire une véritable perle, collant parfaitement au thème, la nuit…Ap’ nous raconte comment se passent ses concerts et après-concerts : se torcher au moët sur scène, repérer une groupie dans la salle, la capter à la fin de la représentation et l’emmener au motel le plus proche, tout un programme, pas très original mais servi à merveille par le beat magnifique et ses nombreuses variations…

Et pour finir sa carrière en indé, Apathy ne pouvait faire autrement que d’inviter son légendaire compère, Celph Titled : ‘Guerilla Orchestra’ les voit donc s’illustrer aux côtés de Tino Vega, rappeur originaire de Tampa Bay comme le Rubix Cuban. La boucle de violon bien gaie utilisée par CT comme thème principal de l’instru ramène un peu au travail de J-Zone, avec lequel ses accointances ont débouché récemment sur le morceau ‘Eatadiccup’, en face B du dernier maxi du King Pimp. Celph est égal à lui même, bourrin et grande gueule, tandis qu’Apathy étonne en adoucissant son phrasé, quasi-chantonné par moment. Tino Vega lui confirme que Tampa regorge de rappeurs talentueux, cinglés et apparemment plutôt dangereux. Un autre grand morceau, néanmoins radicalement différents des deux autres.

Apathy achève donc avec brio la première phase de sa carrière, celle du MC talentueux (ex ?) futur recrue d’une prestigieuse major. La formule paraît bateau, mais espérons que les petits cochons ne taillent pas son talent en pièces…

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