Chronique

7evenThirty
The Problem

Mello Music Group - 2014

À ma gauche : 7evenThirty, natif du Mississippi et résident au Texas, déjà remarqué en 2012 par un premier album (Heaven’s Computer) construit autour un trip scénarisé entre science-fiction et comic book. À ma droite : Gensu Dean, né dans le même coin avant de devenir lui aussi texan d’adoption et surtout crate digger compulsif. On avait pu entendre le premier sur une production du second sur le LP Lo-Fi Fingahz : il n’avait pas à rougir de la comparaison au milieu d’une petite flopée de noms plus connus. D’où l’idée de faire un album en commun, cette fois dans un style plus direct, plus terre à terre. Mais pas sans message pour autant, comme le suggère la pochette, même s’il faut attendre la moitié de The Problem pour cela (à partir de « Generation Why », suivi de « Making of a Vigilante », storytelling assez original sur l’autodéfense), après l’egotrip de rigueur.

Impressionné par les qualités techniques du rappeur, Gensu Dean s’est amusé à les mettre à l’épreuve de productions assez variées, dans les limites imposées par sa bonne vieille SP1200 et ses dix secondes maximum de sampling. Elles vont du boom-bap typique du golden age de la côte est (« Roach Spray ») à un morceau-titre entre guitare blues et voix soul-gospel, adroitement placé à la fin, en passant par une incursion moins réussie vers le sud (« $ Stacks & Body Bags », morceau le moins convaincant à mes oreilles). Des voix samplées aux loops cuivrées (« Filthy Rich »), la formule est simple mais efficace. En témoigne le sombre « Heavy Hook » et son refrain… sur l’inutilité d’un refrain : la voix rauque de Sean Price, unique invité de l’album, complète bien celle, un peu nasillarde mais pas désagréable pour autant, de 7evenThirty.

Cet album compact (moins de quarante minutes) est surtout l’occasion d’une démonstration de skills de la part de ce dernier. Dès « Roach Spray », on se passerait presque sans regret de la boucle de guitare intermittente pour l’écouter rapper juste sur la basse et le beat. Et tout au long des plages suivantes, sa dextérité véloce n’est jamais prise en défaut. On retient particulièrement « Foot On The Ground », véritable casse-nuque avec sa basse funky, ses notes de clavier et ses échos de voix indistincts en arrière-fond (de la pop ukrainienne semble-t-il…). Ne manquent que quelques scratches ici ou là, étrangement absents ici, alors qu’il y en avait sur Lo-Fi Fingahz. Voilà somme toute un nouvel album de qualité, donc, pour un label qui multiplie en ce moment les sorties à suivre.

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