Lord Lhus sort The Devil Hates Pretty

Sur The Devil Hates Pretty, le nouvel album de Lord Lhus disponible depuis le 18 août à la vente et que le rappeur originaire de Caroline du Sud a lui-même posté en intégralité sur YouTube la semaine dernière, il y a beaucoup de morceaux de découpeur d’instrus, des morceaux horrorcore, des morceaux de rap un brin gueulards sur lesquels l’ancien membre du groupe Bloodline force sur sa voix pour en accentuer l’aspect rauque, écorché et menaçant. Il y a beaucoup d’agressivité et de colère, dans la grandiloquence, dans le minimalisme comme dans le grondement des guitares d’un remix, dans l’egotrip, dans ses textes plus politiques. Il y a une énergie, une force de frappe, une maîtrise et une dalle qui font plaisir. Il y a aussi des scratches bien placés, des samples de films d’horreur, des ambiances oppressantes. Il y a des batteries qui tapent fort, des prods de Jace Abstract et du Français I.N.C.H. Il y a un titre clippé formidablement efficace, qui gagne à être écouté sans sa vidéo.

Et puis il y a « Under Standing ». Trois petites minutes placées en fin de projet, durant lesquelles Lord Lhus rappe comme un mort-de-faim en mode introspectif, avec sa « voix normale » – et c’est alors comme s’il tombait le masque, délaissait un court instant son costume de scène et refermait la porte de sa loge pour se retrouver seul devant le miroir. Une démonstration de fluidité sur quelques notes de piano et une rythmique rappelant Havoc, qui détonne et laisse bouche bée, avant de se clore sur un extrait du Hagakure lu par Forest Whitaker dans Ghost Dog.

Il y a donc beaucoup de raisons de prendre le temps d’écouter en hochant la tête celui qui met des gifles depuis une poignée d’années, qu’on le voie gesticuler dans la neige avec Psych Ward ou dérouler sur des prods d’Al’Tarba, avec lequel il avait sorti un très bon projet en 2013.