Royal Arena Festival, édition 2016
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Royal Arena Festival, édition 2016

Photos : Royal Arena

Depuis bien des années il s’agit pour nous d’un rendez-vous incontournable : le troisième weekend d’août se tient le Royal Arena Festival dans la tranquille (les autres jours) bourgade d’Orpund, en banlieue de Bienne. Neuf éditions de suite qu’on pointe à la abendkasse le vendredi et qu’on revient en France trente-six heures plus tard fatigués mais enchantés (à part la fois où on est rentrés fatigués mais en dépanneuse). Alors, avec un plateau encore plus alléchant que les autres années, c’était certainement pas en 2016 qu’on allait faire faux-bond.

Jour 1

D’emblée, il nous faut faire un double-point météo et mode, dans cet ordre. Il fait clairement frisquet, aussi il est nécessaire de bien remplir la citerne de mazout pour avoir suffisamment chaud. De plus, le ciel menaçant a livré pendant la journée quelques pluies éparses, transformant le site, une prairie à l’orée d’un bois, en un sympathique bourbier, que certains iront inévitablement voir de plus près à une heure avancée. C’est en tout cas l’occasion pour les locales de sortir un élément de choix de leur garde-robe : les bottes en caoutchouc. Le genre de chaussures qui rend la plus bonne de tes copines aussi sexy qu’un pot de chambre mais que les Suissesses arborent avec entrain dès que le terrain tourne à la gadoue, comme un hommage à Jane Birkin et à Mimi Cracra. Ce ne sont pas les mecs arrivant sur scène qui critiqueront le choix de la prudence au détriment du bon goût : eux, selon la légende, gardent leurs timberland en toute circonstance, même pour pioncer.


19h15-20h15 : Boot Camp Clik – Sean Price Tribute (Main stage)

19h17, effectif réduit : en fait, ce sont Smif-N-Wessun, Rock de Heltah Skeltah et Top Dog d’O.G.C. qui sont là.

19h25, ce foutu temps qui passe part 1 : à l’époque de l’indémodable Da Storm il était maigrichon, avait dix-neuf ans et des tresses. Top Dog a désormais le crâne rasé, des lunettes, un peu d’embonpoint et une excroissance inquiétante à un coude. Mais au moins on a des nouvelles de lui.

19h53, Rockness Monstah : vingt ans de carrière, une voix dingue, du flow, du charisme, et toujours pas d’album solo pour Rock.

19h54, Shell Shock : en même temps, vu la gueule de ses mixtapes c’est peut-être mieux comme ça. On espère juste qu’un jour quelqu’un aura l’idée d’écrire sa biographie, et qu’il vivra assez longtemps pour rencontrer ce quelqu’un.

20h12, un seul être vous manque : on ne rendra jamais assez hommage à Sean Price.

20h15-21h45 : R.A. The Rugged Man & A-F-R-O (Beat stage)

20h19, âge tendre et tête de chat : comme sur disque, on sent que le jeune A-F-R-O a un potentiel hors-normes mais manque encore un peu de verve. On attend de lui qu’il soit à la hauteur de ses covers.

20h25, party over here : ça commence fort, R.A. a déjà fait monter une trentaine de personnes sur scène.

21h02, true story : le couplet de R.A. sur « Uncommon Valor » a déjà dix ans, mais on n’a pas franchement entendu quelque chose d’aussi puissant depuis. Encore un gars dont il faudra écrire la bio un jour.

21h19, trop d’hommages : instru de « Shimmy Shimmy Ya » et R.A. qui nous demande de crier « Wu-Tang, Wu-Tang ». Étrange. Les hommages aussi ont leur limite.

21h33, The Rageux One : « Next time tell these motherfuckers to put me on the big stage« . C’est pas franchement le meilleur moyen pour qu’ils te réinvitent, mais OK.

22h30-23h30 : Onyx (Main stage)

22h41, ce foutu temps qui passe part 2 : cette année, Sonny Seeza est également de la partie. Le mec a dû perdre trente kilos depuis la fin des années 1990 et paraît tout fluet, là où ses collègues Sticky Fingaz et Fredro Starr sont affûtés comme des guerriers spartiates. Même si son crâne est toujours lisse comme une boule de billard, le mythe des crazy baldheads en prend un coup.

22h52, last men standing : ça pouvait paraître débile y a cinq ans, mais si Onyx était le groupe des années 1990 ayant le mieux vieilli ? Leurs concerts sont toujours fous et ils sont encore capables de sortir de bons albums, vingt-cinq ans après leurs débuts. Qui tient la comparaison ?

23h18, les refrains de rap pour les nuls part 1 : teu teuteu, teu teuteu.

23h30-00h45 : Pete Rock & CL Smooth (Beat stage)

23h28, couacdafucup : ça devait déjà exister l’an dernier, mais pour être honnêtes on n’avait pas essayé d’accéder à la Beat stage. Cette seconde scène est distante d’environ 400 mètres de la principale. Sauf qu’avec le contrôle de bracelets au milieu, la distance se parcourt en une bonne vingtaine de minutes quand l’affluence sur le site est la plus forte. Dommage.

23h46, couacdafucup pt.II : du coup on arrive à la scène alors que le concert de Pete Rock et CL Smooth est déjà bien entamé.

00h35, Tonight : on va être honnêtes, ce n’était pas le concert du siècle. Mais le moment où Pete Rock joue « Today » de Tom Scott & The California Dreamers pour enchainer avec « T.R.O.Y. » a quelque chose de magique. Malheureusement pas de vidéo sur youtube, mais ça ressemble à ça.

00h37, les refrains rap pour les nuls part 2 : teuteuteuteuteuteuteu teu teuteu teu teuteu teuteu… vous avez compris.

00h45-02h00 : EPMD & Redman (Main stage)

00h46, back in business : on l’avait appris quelques jours avant par les réseaux sociaux, mais Method Man, qui aurait dû accompagner Redman, « a été retenu aux États-Unis par un tournage » . Concrètement, Red & Meth se sont produits tellement de fois en Suisse ces dernières années que plein de gens dans le public connaissaient les enchaînements par cœur et auraient pu facilement remplacer Johnny Blaze. Mais on est quand même très contents de voir EPMD.

00h52, never give up : il y a cinq ans, PMD se produisait sur cette même scène avec Snowgoons et Sean Strange, ancien sous-fifre de Necro. Comme quoi, on peut toujours prendre des revanches sur la vie, même à un âge avancé.

01h05, the original rap criminal : on espérait une entrée surprise de K-Solo, mais « Head Banger » avec EPMD et Redman c’est déjà très bien.

01h29, « Red & Meth à la maison de retraite » : Redman déchire, rien de nouveau sous le soleil (façon de parler). Même pas ce How High part 2 qu’il nous annonce depuis dix ans.

01h30, nan mais sérieux : y a vraiment des gens qui ont vu How High et voudraient une suite ?

01h41, les refrains de rap pour les nuls part 3 : tata ta ta tata.

Jour 2

Vous avez pu le constater, la journée de vendredi fut plutôt dense. C’est un peu moins le cas du samedi : si Nas clôturera le festival, les noms qui précéderont sont un peu moins ronflants que ceux de la veille. Côté météo ce n’est toujours pas ça et les ponchos sont de sortie. Le concours de danse a même dû être transféré sous la tente de la Beat stage. L’occasion pour nous de (nous) rappeler que le Hip-Hop, ce n’est pas que le rap et le deejaying. Un principe qui semble un peu plus tenir à cœur à nos amis suisses qu’à nous et sur lequel le Royal Arena s’appuie chaque année.


15h00 – 20h00 : la vie au Royal Arena

15h00, pendant ce temps-là : on n’en parle jamais dans ces comptes-rendus, nos samedis après-midis étant généralement consacrés à décuver dans les parcs de Bienne. Mais durant l’après-midi, il se passe plein de choses remarquables au Royal Arena Festival, notamment sur la piste de danse et sur les murs réservés aux graffeurs.

20h00 – 21h15 : Looptroop Rockers (Main stage)

20h15, David chez Goliath : on s’est pas trop tenus au courant de l’actualité de Looptroop ces dix dernières années. En tout cas, malgré le discours gauchisant, les gars ont un gros succès au pays des banques.

20h27, sacré tour de force (ou alors tout le monde est déjà plein) : Promoe arrive même à dire « No alcohol, no weed » et à faire la promo(e) du mode de vie straight edge sans récolter une bronca.

21h15 – 22h15 : Swiss Rap Allstars (Main stage)

21h18, la crème du pays du chocolat : on aime toujours autant le principe de réunir plusieurs générations de rappeurs helvétiques pour un même set. Même si le Suisse allemand n’est définitivement pas la langue la plus agréable à l’oreille.

21h33, plus qu’une valeur sûre, un repère : et puis cette année il y a Steffe la Cheffe parmi les allstars, un blaze mythique pour une meuf qui l’est tout autant, programmée dans à peu près tous les festivals de Suisse et qui fait toujours le taf.

22h15 – 23h30 : Vicelow, Sir Samuel & Specta (Main stage)

22h17, « Le webzine Hip-Hop » : mais c’est DJ Nelson avec les trois du Saian Supa Crew ? Le mec présentait des émissions sur une radio strasbourgeoise il y a quinze piges de cela, ça fait plaisir de voir qu’il est toujours actif. Apparemment il est même devenu champion du monde DMC en 2011 (un rédacteur de l’abcdrduson souhaite redorer l’image du site et se démarquer de cette méconnaissance crasse du milieu des DJs en vous suggérant cette vidéo de DJ Nelson).

23h20, chien perdu : il est devenu quoi le chien du clip de « Raz-de-marée » ?

23h21, chien trouvé : « Raz-de-marée » c’était en 1999. Il est probablement en train de causer croquettes avec Mabrouk et Happy à l’heure qu’il est. On va penser à autre chose, ça rend triste ce genre de trucs.

23h25, la preuve par trois : c’était déjà très bien alors que les mecs sont en effectif réduit et doivent friser la quarantaine. Ça devait vraiment être le feu le SSC en live une quinzaine d’années en arrière.

00h45-02h00 : Nas (Main stage)

00h45, besoins primaires : on l’avoue, on a fait l’impasse sur Masta Ace qui était sur la Beat stage, et on a zappé Skepta pour aller bouffer.

00h49, restrictions budgétaires : là où il s’était pointé avec cinq ou six zikos en 2009, Nas n’est venu qu’avec un batteur et un DJ.

00h50, avis subjectif : d’ailleurs c’est pas forcément plus mal. C’est toujours un peu frustrant les « vrais instruments », ça te donne l’impression d’entendre des reprises des morceaux que tu as saignés.

01h28, whose world is this ? : et donc de ne pas pouvoir pleinement apprécier ça.

Malgré le petit problème de check point et une programmation un peu déséquilibrée entre le vendredi et le samedi, ce fut de nouveau une belle édition du Royal Arena. Le sale temps, assez inhabituel, n’a clairement pas mouché l’enthousiasme des quelque dix-sept mille participants. Rendez-vous est déjà pris pour 2017 : le festival se tiendra le 18 et le 19 août.

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