Nos 25 morceaux du second semestre 2015
Rap français

Nos 25 morceaux du second semestre 2015

Ça a été dit et redit : 2015 aura été une année faste pour le rap hexagonal, et cela dans toute sa diversité. Alors quand il a été temps de faire le bilan des six derniers mois écoulés, cinq de nos rédacteurs se sont coupés en quatre pour choisir vingt-cinq morceaux de ce dernier semestre. De SCH à Kohndo en passant par Espiiem, Le Sept ou Dixon, voici une sélection de sensibilités diverses mais qui partagent le même but : célébrer un rap français pluriel.


Booba – « 92i Veyron »

Comme la bombe nucléaire a réveillé Godzilla, 2015 a sorti Booba de son sommeil dans le cratère. Crachant le feu jusqu’au ciel, la légende de Boulogne est revenue hanter le rap français avec quelques coulées de lave dont il a le secret alors que le monde entier le pensait endormi pour des siècles. Parmi les traits de génie, cette comptine Future-sque aux notes cristallines et au nom de calandre racée. L’accompagnement de clochettes rend cet hymne léger mais mélancolique, parfait pour exorciser une fin d’année catastrophique. Dans les moments difficiles, on peut toujours compter sur notre météore national pour remonter doucement la pente. — Nemo

Melan – « Guitara trista » feat. Paloma Pradal

Quand dès la première phase de son texte, Melan dit qu’il a « au bout des lèvres une peine profonde », ça pourrait être la synthèse de son premier album solo, La Vingtaine. Étonnement pourtant, « Guitara Trista » est une des rares respirations (toutes proportions gardées) d’un disque à l’atmosphère balafrée par la mort, l’alcool et autres trajectoires de vies qui mettent à genoux. Cette bouffée d’air, le titre ne la doit pas à ses paroles, mais à sa construction. Son arpège de guitare, son démarrage sans beat, et surtout le chant de Paloma Pradal qui exorcise les démons qui habitent quasiment toutes les pistes de La Vingtaine. Pour l’anecdote, le sample utilisé par le rappeur d’Omerta Muzik a également été repris par Kadaz cette année, sur une chanson qui devait initialement s’appeler « La valse piétinée ». Ce titre pourrait être la définition parfaite de ce morceau de Melan. Seulement plus proche des flammes espagnoles et catalanes que des lustres et des salons de Vienne. — zo.

Fayçal – « 29.5 »

C’est une tradition bien établie. Chaque année, Fayçal se fend d’un petit bilan, sous la forme d’un style libre posé sur une face B de choix ; et chaque année, c’est une gifle. 2015 et son tardif « 29.5 » écrit sur l’instrumental de « Books of War » (MF Doom & RZA) ne dérogent pas à la règle : en un peu moins de trois minutes, le rappeur girondin, au petit trot et appliqué, croise et embrasse les rimes, jongle avec les sonorités syllabiques, s’amuse avec les allitérations, rappe une rétrospective dont les références footballistiques font revenir un sourire que d’autres phases effacent. Car si amour des proches, regrets et sentiment du temps qui fuit s’y interpénètrent, un spleen lancinant colle en définitive aux basques du morceau. C’est ce qui en fait, encore une fois, la beauté. — Julien

Char – « Hors Système »

« Hors Système » pourrait passer pour un énième morceau de galérien. Ce serait une erreur. À la lucidité du gouffre, Char allie la ténacité de ceux qui mènent leurs projets à terme et ingurgitent leurs erreurs, même avec une boule dans la gorge. Solitaire, en noir et blanc, cash et pudique à la fois, le gouffrier se débat sur fond de film muet avec son double, celui qui est « son ennemi juré. » Et garde son principal carburant en leitmotiv, loin devant les canettes de bière, le sky et la beuhère : « Hors système, j’ai besoin d’aventures quotidiennes, pour faire ce que j’aime, pas moyen que j’attende jusqu’au week-end. » Ça tombe bien, 2016 comptera trois cent soixante-six jours. — zo.

Damso – « Poséidon »

Catapulté presque par hasard sur le Nero Nemesis de Boobs, Damso fait partie de cette nouvelle génération folle venant de Belgique. Comme au Foot, nos amis gaufriers prennent le large avec des talents déjà intouchables. Repéré sur la première compilation OKLM, Damso pose un morceau meurtrier à l’interprétation juste et décontractée, loin des clichés trap actuels. Sens de la formule et musicalité, le rappeur belge est une des têtes chercheuses à surveiller en 2016. — Nemo

Espiiem – « Suprématie » feat. Deen Burbigo

13 novembre. A la sortie du concert d’Espiiem, venu défendre Noblesse oblige sur la scène de la Maroquinerie, d’étranges et effrayantes nouvelles tombent. Dans la foule des visages stationnant dans la rue Boyer, dans le XIXe arrondissement de Paris, un mélange d’incrédulité et de crainte. Balancées quelques minutes plus tôt avec un sentiment d’invincibilité par l’hôte du soir et Deen Burbigo, les rimes de « Suprématie » prendraient rétrospectivement une valeur particulière. « Ecoute-moi je foudroie, pour qu’on sorte de ce trou noir, pour voir qu’on peut pourvoir au pouvoir, mais encore faut-il vraiment le vouloir », « J’ai des mauvaises idées derrière la tête et je cours comme un taré pour pas qu’elle m’rattrapent ». Avec sa mélodie apaisée et sa rythmique sautillante, « Suprématie » est un plaidoyer pour l’estime de soi même en période de doutes, de la musique de motivation comme la trap de ces dix dernières années en a fourni, mais teintée d’éthique et d’altruisme – le refrain rappelle d’ailleurs celui de « Dès le départ » de Kaaris, mais en remplaçant sa rengaine marchande par un leitmotiv unificateur. A la fois main sur l’épaule et coup de pied au cul, « Suprématie » donne envie d’aller de l’avant. — Raphaël

Kohndo – « Le compteur tourne »

On pourrait se dire « tiens, encore KOH qui raconte Paris nocturne ». Sauf que voilà, certains ont tellement Paris dans la peau qu’il leur faut à un moment s’en déposséder. Et Kohndo fait ça si bien qu’on en redemande volontiers. Dépeinte comme le New York vivotant de Scorsese dans Taxi Driver, la capitale parisienne compte ses âmes perdues attendant que le bonheur les « frappe comme dans un film d’action« . Atmosphère vaporeuse, nappes lancinantes, propos amer : dans toute sa sobriété, « Le compteur tourne » rappelle certaines des plus belles compositions du rappeur, « Paris son âme » et « Faiseur de pluie » en tête. De bon augure pour l’arrivée du quatrième album solo du rappeur, Intra-Muros, prévu pour le 5 février prochain. — David²

Soklak – « Sale môme »

Généralement, les rappeurs décrivent (souvent à raison) la rue comme un processus de vieillissement accéléré et d’illusions perdues. Mais quand c’est le chat de Montreuil qui rappe ses quatre cents coups, elle redevient le formidable terrain de jeu pour les gamins que nous étions. Une délicieuse madeleine de Proust, qui rappelle qu’être un « Sale môme », c’est d’abord rêver et foutrement bien se marrer. Parole d’Ugly Kid Zo. — zo.

Hits Alive x Dixon – « JCVD »

Il y a, dans l’instru concocté par les deux beatmakers de Hits Alive (Mayer et Martinezz) pour « JCVD », quelque chose qui rappelle la voie enthousiasmante que commençait à tracer un autre duo de producteurs, Sid Roams, avant de disparaître des radars. Une touche 80’s irrésistiblement sale, un « grain ». Le parfum d’un vieux film d’exploitation. Bref, quelque chose d’immédiatement visuel… Pour ce morceau annonçant leur projet OST : Original Sound Tracks, les deux producteurs se sont alliés au rappeur Dixon, qui rentre sur l’instru comme Jean-Claude Van Damme sur un ring : revanchard, le torse bombé et déterminé à distribuer coups de pieds retournés en pleine tête et phrases choc à double lecture. On craignait que l’excellent clip, monté par un certain Paul Ahris, n’ait faussé notre appréciation du morceau, mais non : d’une efficacité redoutable, « JCVD » tourne également en boucle dans le walkman. Nutsukao ! — Julien

Seth Gueko – « Titi Parisien »

Cette année, c’est là où Seth Gueko était le moins attendu qu’il a été le plus brillant. Sur « Titi Parisien », l’autoproclamé Professeur Punchline pourtant expatrié en Thaïlande a su convoquer les icônes d’un Paris populaire, là où tout est loin d’être magique, mais terriblement attachant, tels les personnages de Franck Margerin. Et de redéfinir, dans son remix avec Nekfeu et Oxmo, ce qui fait de Paris et ses parigots une ville d’ambiguïtés et de contrastes. Alors ne vous y trompez pas, peuplés d’une ou deux phases dispensables, ce morceau et son remix ne sont pas des cartes postales. Mais même peints avec une ou deux maladresses, ils sont les portraits finalement très justes de l’un des états d’esprit qui habitent cette capitale unique au monde. Au point d’être devenus avec le temps une déclaration d’amour à une ville qui en a bien besoin. Même si de l’amour, elle n’en donne pas souvent. Intra-muros, mais à ciel et à coeur ouverts. Plus que jamais. — zo.

SCH – « Champs Elysées »

SCH a marqué la fin d’année 2015 avec un style unique et une esthétique marquante. Le succès du rappeur d’Aubagne est une vraie surprise, propulsée par le soutien de Lacrim et sa signature chez Def Jam. Très attendue, la mixtape A7 n’a pas déçu. Exigeant et technique, le rap MUDAFACK manquait tout de même d’un tube reconnaissable. C’est le cas maintenant avec ce “Champs Elysées” funambule et son “pas loué”, signature qui squatte nos cellules dormantes depuis sa sortie. Bah ouais. Les carrières poussent comme les cheveux. — Nemo

Lucio Bukowski – « 1% » feat. Dylan Thomas, Ruste Juxx & Skanks

Étonnante et magique collaboration que ce « 1% » rassemblant Lucio Bukowski, Ruste Juxx et Skanks de la Bankaï Fam. Dans ce morceau – à ne pas en douter impulsé par Kyo Itachi -, les vers (magnifiques) du poète Dylan Thomas servent de harnais à une lente descente vers la routine des quartiers, des pentes de Lyon aux blocs de Crown Heights. Que ce soit le membre de l’Animalerie, celui de la Bankaï Fam ou le protégé du regretté  Sean Price, tous rappent le désarroi devant ces choses qui restent éternellement en place, comme « fanées en train d’attendre à l’arrêt du tram ». Au point que les collègues de Sourdoreille ont dit de ce morceau qu’il était « un dialogue entre Mobb Deep et Sage Francis sur fond de malaise sociétal. » zo.

Al – « La 2e partie »

Le temps qui passe est l’un des axes principaux du troisième album d’AL, Le Pays des Lumières. La trahison d’un pote qui a changé, la maladie d’un père qui le renvoie à son propre vieillissement, les petits plaisirs d’une vie de labeur : encore plus qu’avant, Alain philosophe, avec sérieux ou sur un ton caustique, sur sa propre condition. Dès l’ouverture de l’album « La 2e Partie », le rappeur dijonnais prend le partie de s’amuser des dommages laissés par le parcours de la trotteuse. Chant faussement solennel et abattu, il compte chacune de ses rides à chaque rime : « si je sors en soirée, j’mets trois jours à récupérer. Quand j’ai lâché les baggys, j’aurais mieux fait de me méfier », ou plus loin, « un mensonge était caché dans la fonte que j’ai soulevé, le matin j’kiffe vérifier que j’me lève en train de bander ». Au point qu’on ne sait plus trop si la fébrilité dans sa voix est causée par l’angoisse ou par un léger rictus dans ce constat doux-amer. — Raphaël

Abuz – « Hors sujet »

Si vous avez lu notre entretien avec Abuz réalisé en cet été 2015, vous avez vu la vie qui passe, et toute la tolérance, l’humilité et la lucidité qui vont avec. Des qualificatifs que l’on pourrait associer à « Hors Sujet ». L’ancien compagnon de Mysta D. renoue avec le rap, sans bruit ni surenchère, et y pose les retours de bâton de la vie tout en mettant en filigrane un beau message de respect, que ce soit des autres ou de soi-même. Le flow est un peu moins nerveux qu’il y a vingt ans, les phases sont délestées des punchlines qui ont contribué à la légende du D.Abuz System, mais l’efficacité à rapper les choses de la vie et à les dire sans fard ni artifices sont toujours là. Conclusion : « Hors sujet » ou pas, les copies rendues par Abuz sont toujours aussi impeccables. — zo.

Kespar – « Décalé »

Comme ils l’avaient fait sur Way too Slick en 2014, Kespar (au micro) et Linkrust (à la production) continuent de cultiver les boucles chaudes, un esprit rassembleur et les pieds de nez aux vies bien réglées. Sauf que cette fois, ils enterrent définitivement la hache de guerre. « Parce c’est pas avec des bras de fer qu’on va refaire le monde. » Surtout quand celui-ci a plus des allures de page raturée que de feuille blanche. Alors Kespar instaure avec ses décalés sa zone à défendre, qui a la tronche d’un bras d’honneur en forme de sourire, émis depuis un bas côté où pousse l’essentiel. « J’ai tout ce qui faut dans ma zone, ma biche et mon crom, les potes, la zeb’, une bouteille de rhum' » dit le Grenoblois. Positif et insolent. Voilà « comment rassembler ceux qui s’éparpillent. » zo.

L’ADLD – « Star Wars / Allahu Akbar »

Un nouveau projet de l’ADLD était prévu pour fin 2015 –  mais franchement, qui croyait vraiment que les délais annoncés seraient respectés ? Alors en attendant cette dose dure de POP Musique, et alors qu’un nouveau freestyle vient d’être mis en ligne il y a quelques jours, le grand n’importe quoi « Star Wars / Allahu Akbar » continue de tourner dans les walkmen et dans les spacieuses berlines des bougzers du futur. Sur deux faces B honorables et millésimées, 1K47 délivre un rap narquois qui rigole de tout à l’heure de l’apéro, dans lequel Denver le dernier dinosaure croise Dark Vador, Rockin’ Squat ou encore Jésus tandis que contre-attaque l’Empire islamique galactique. Pas de la terreur pour ménagères, mais un vrai hold-up mental par temps de Vigipirate. — Julien

Le Sept – « Planète interdite »

Quoi de plus normal que rapper un naufrage en cours pour annoncer un album intitulé Amoco Cadiz ? L’encre du Sept frappe toujours direct dans les côtes d’un monde qui cultive les idées noires comme la marée. Ça sent l’air vicié dans cette élocution lente sur une production du Parasite. Et quand tombent les masques à gaz d’un monde qui oscille entre hyperventilation et respiration artificielle, c’est une « Planète Interdite » qui se découvre. — zo.

Vîrus – « Navarre »

Avec « Des fins… » qui clôturait son précédent EP Faire-Part, Vîrus bouclait la boucle mortuaire débutée trois morceaux plus tôt. Avec « Navarre » – du nom de l’hôpital psychiatrique d’Evreux – clôturant Huis-Clos, il semble re-boucler celle de l’isolement par la folie.  Verrou à double tour, double whisky sans glace, miroir sans tain, troisième tour – celui de l’esprit – et puis s’en va : le cocktail est aussi chargé que la sentence qui va avec. Les mots font rire jaune bile, même s’ils sont noir carie. Dans la bouche d’un être désespérément (a)normal, « Navarre » est comme le point de non-retour d’un cercle : à la fois irréversible et pourtant voué à se répéter indéfiniment. Retour à la case prison. — David²

La Gale – « Chiens Galeux » feat. Yoman, Al’tarba & I.N.C.H

« Chiens Galeux » est digne d’un « cabinet de curiosité » pour reprendre les mots de Karine Guignard alias La Gale. Sur ce « lance-roquettes pour canal auditif » rempli de quelques aveux pas très recommandables, la MC fait passer ses deux beatmakers et son acolyte Yoman derrière le micro. À noter un Al’Tarba particulièrement enragé dans ce morceau où passé minuit, tout le monde se dédouble et lève son verre (et la patte) en l’air. Des existences sans filet pour du rap sans muselière ni laisse, qui plastique les chenils d’une explosion boom-bap. Du son bestial. C’est pour la cause animale ! — zo.

MHD – « Afro Trap part.3 »

En quelques freestyles vidéos, ce jeune rappeur du XIXème arrondissement s’est déjà fait un nom avec un concept, l’Afro Trap. En effet, MHD mélange les chants guerriers, qu’ils viennent d’Afrique ou d’USA avec une touche française pour cimenter le tout. C’est simple, brut et bourré d’énergie. Un gimmick footeux accrocheur en guise de refrain, des maillots de clubs européens tous azimuts, MHD est déjà en Ligue des Champions sans passer par la case CFA. — Nemo

Nivek – « Interference part. II »

Sur ce troisième volet des Very Bad Tape, celui qui s’était défini comme un chevalier noir lâche les hashtags comme on lâche les chevaux. Une écriture débridée sur un instrumental mécanisé de son complice Kremlin. Quand Nivek scanne et scande la jungle des hommes, les interférences produites par ses mots mettent en lumière une réalité mondiale crue. Guerre froide 2.0 sur le champ de bataille lexical. — zo.

VII – « Fleur d’équinoxe »

Deux décennies de rap dans les pattes, un label indépendant nommé Rap & Revenge, une dizaine de disques au compteur : si c’est dans l’ombre qu’il officie et que sa musique rencontre un écho médiatique limité, VII mène pourtant sa barque sur les fleuves de l’Enfer depuis un paquet de saisons sans rien demander à personne. Dense poème macabre produit et scratché par DJ Monark, au sein duquel s’entremêlent réflexions sur la condition humaine, flashs de notre époque, introspection, égotrip et clins d’œil au cinéma japonais, « Fleur d’équinoxe », extrait de l’album Éloge de l’ombre sorti début octobre, est l’illustration de ce que le rappeur bayonnais sait faire de mieux lorsqu’il laisse momentanément de côté son style gore et rentre-dedans : un titre sombre aux relents funéraires à la fois envoûtant, monotone et subtil. — Julien

12mé – « Bang » feat. K Unik & DJ O’legg

12mé est un MC unique en son genre. Depuis quinze ans, il trace sa route, que ce soit au sein de la scène stéphanoise avec son groupe Hasta Siempre, sur les scènes du monde entier – et loin du monde hip-hop hexagonal – avec son pote saxophoniste Raph’, dans des documentaires façon Antoine de Maximy du hip-hop, ou en lâchant des projets confidentiels sur internet. Far Away est le dernier en date. Et si la liste des featurings interminables noie un peu le disque (mais le Stéphanois aime faire du son en famille), il assoit dès sa première piste tout ce qui fait de 12mé un MC, au sens le plus noble du terme. Présence au micro, placements tous terrains, découpage syllabique irréprochable et pour finir une arrogance bien dosée. « Bang » ? La preuve en un titre que 12mé n’a pas besoin de fast flow pour défier le mur du son. Son DJ non plus. Hasta Siempre. — zo.

Lacrim – « J’ai mal »

L’année 2015 de Lacrim fut un roman rempli de péripéties et d’embûches. La cavale a donné une suite chaotique au plébiscité Corleone. Ainsi, le rappeur aux yeux doubles valisés sort deux volumes de R.I.P.R.O., mixtapes inégales mais efficaces. Sur la deuxième, un morceau qui résume toute la personnalité nuancée du marseillais. Émotion et trajectoire, Lacrim pousse la chansonnette et la mise en musique de Kore fait décoller le jet plein de poudre avant le retour en cabane inévitable. Formaté, millimétré, sans hasard mais ça déborde, ça fonctionne et ça ne sort plus de la tête. Lacrim mérite son succès, celui de la cravache jour et nuit et de la sincérité bien présentée. LIBÉREZ LACRIM, tout simplement. — Nemo

Zone Libre PolyUrbaine – « Crackometti »

Sur le site de Serge Teyssot-Gay, il est dépeint comme celui qui « dit l’impossible résignation » et « cherche le point d’exclamation. » Et effectivement, sur cet album de Zone Libre devenue Polyurbaine, Marc Nammour (La Canaille), accompagné de Mike Ladd, fait ce qu’il fait de mieux : peindre les existences effacées par les tableaux des centre-villes gentrifiés. « Crackometti » est une histoire d’ombres crepusculaires, de lignes de vies accidentées, presque totalement rompues, étirées et déformées dans un quartier qui se massacre lui-même. « Pour toutes les silhouettes à la Giacometti » dit le rappeur de La Canaille. Celles qui ont vu leurs propres vies finir sculptées par une flamme lêchant un caillou perché sur une canette. — zo.

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2 commentaires

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  • jo,

    quel souffrance 24 morceaux de merde et un tres moyen de abuz plus trop en forme depuis bien longtemps ok merci

  • Greezy,

    C’est où PNL là ?