SCH

JVLIVS

« Cette histoire, c’est mon histoire. » Ainsi clôt-il le livret du premier volet de la trilogie JVLIVS.  Ces soixante-deux minutes entrecoupées d’interludes ne sont pas la BO d’un film, elles sont le film. SCH parvient à filer sur tout un album ce qu’il était parvenu à faire au sommet de Deo Favente, dans « La Nuit » : mêler l’ombre d’un personnage de Gomorra – au hasard, Conte, dont la mort dans une église rappelle le clip de « Mort de rire » – à sa propre silhouette. Avec pudeur, loin de certaines introspections narcissiques de l’époque, JVLIVS parle des angoisses liées au temps, de la froideur de l’humanité, la sienne incluse, de la place des morts – le père, les proches en photos – chez ceux qui restent. Et, dans l’outro lumineuse et triste, il résume en une phrase ce que toute une partie du rap français peine à exprimer à propos des mères : « J’ai voulu la sauver mais j’ai volé son sommeil. » Le tout sur des instrus aussi fortes en caractère et en singularité que le S, et via une interprétation vocale sophistiquée, quasi-théâtrale, qui n’a pas son pareil en France. A7 avait la beauté sauvage des disques inattendus. JVLIVS a la teneur robuste des disques espérés.

Manue

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