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Deo Favente

« Manier savamment une langue, c’est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. » Dans le rap, difficile d’incarner plus que Julien Schwarzer cette justesse « qui ravit et qui étonne » : il est, encore et différemment sur ce troisième projet, insaisissable. Personne n’écrit ni ne rappe comme lui. Pourtant, c’est l’humilité qui caractérise Deo Favente. La cover le disait : le rappeur d’Aubagne accepte mais tient à distance ses lauriers de lyriciste, tenus dans ses mains et non posés sur sa tête. Et surtout, l’album donne à voir un artiste qui tâtonne, cherche, ne se contente d’aucune formule magique. La prétendue volonté de synthèse de deux publics, celui des bangers sombres de gangster-esthète et des influences variet’ – dont on se demande s’ils existent ailleurs que dans les catégories des commentateurs, cf. « La Nuit » – est moins intéressante que ce tâtonnement. Homme incertain ou insaisissable ? Si toutes les comparaisons échouent à le définir – rap états-unien actuel, chanson française, mélancolie méditerranéenne, Lacrim sophistiqué – c’est moins la marque d’un inachèvement faiblard que d’une profonde originalité. De laquelle il y a encore beaucoup à espérer. – Manue

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