Sortie

DJ Kheops - Sad Hill

Au cinéma, Sad Hill est le nom d’un cimetière. Celui de Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone, dans lequel se déroule l’impasse mexicaine la plus célèbre du septième art. En musique, Sad Hill est le nom d’un double album. Celui de Kheops, DJ du groupe IAM, qui décida en 1997 d’inviter toute la fine fleur du rap hexagonal (comprendre de Paris et de Marseille) à venir s‘amuser sur ses productions. Le résultat est un disque un peu bâtard, forcément décousu, dont les références finiront par dépasser largement le cadre du western spaghetti (la saga James Bond pour « 0013 », Crying Freeman pour « Fils du dragon »). Mais peu importe : derrière ses faux-airs de cour de récréation pour MC’s surdoués (Stomy et Passi sont de vrais garnements dans « Le playboy de Sarcelle » et « Les meufs du show-biz »), Sad Hill contient son lot de grandes réjouissances. À commencer par les apparitions des paroliers d’IAM, mémorables notamment sur leurs solos respectifs. « Pousse au milieu des cactus, ma rancœur », avec cette mélancolie d’outre-tombe dont seul Akhenaton est capable, est l’un de ces rares moments suspendus du rap français. Et Shurik’n, sur le désabusé « Si j’avais su », annonce la noirceur et l’affliction terribles qui habiteront Où je vis. Côté parisien, c’est surtout la troupe Time Bomb qui tire son épingle du jeu. Ainsi dans un registre moins éploré, Pit envoie du bois sur « Côté obscur connection », Hifi marche sur l’eau dans « Si t’es cap d’y aller », les X.Men posent un nouveau classique instantané avec « C’est justifiable », et surtout Oxmo Puccino porte l’album sur ses épaules avec « Mama Lova », hymne simple et sincère à toutes les mères de scarla, qui se verra offrir un clip pour l’occasion. Sans doute pas un grand album, Sad Hill est pourtant un vrai petit classique, et un témoin de la folle émulation artistique qui habitait le rap français dans cette deuxième moitié de la décennie 90.

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