Le Son qui met la Pression

Lunatic

("Mauvais oeil", 2000)

"Alors comme ça on veut racailler ?" : en une seule question, Ali assoit pour de bon la légitimité de la paire de baffles du 45 et invite la concurrence à vérifier l’état pété de ses petites chaussures. Morceau parmi les plus écoutés de ces années-là par les pratiquants de sports de combat, au casque et sous la capuche juste avant les phases finales, la leçon qui met la pression vaut aussi à Fred Dudouet ses galons de "Magicien" de l’arythmie cardiaque instrumentale.

Regretté

Rohff

("Au-delà de mes limites", 2005)

Habitué des morceaux fleuves sans refrain, Rohff renouait avec le genre pour rendre un hommage à ceux "partis trop tôt". Pour l'occasion, il met les punchlines et sa légendaire confiance en soi de côté. S'avouant simplement désarmé face à la Faucheuse, Housni redevient un individu lambda pendant ces 8'35 minutes. Amer et désenchanté, seul et angoissé.

Jour 2 tonnerre

Ärsenik

("Quelques gouttes suffisent", 1998)

'Jour 2 Tonnerre' ne figure pas parmi les plus hauts faits d’armes d’Arsenik. Il a pour principal mérite de condenser l’esprit d’un duo où Lino éclipse une nouvelle fois son comparse par sa technique et ses formules chocs. "Tu peux coffrer un révolutionnaire mais pas la révolution".

Au fond de nos coeurs

Fabe

("Détournement de son", 1998)

Les premières secondes de 'Inside My Love' de Minnie Riperton, ça vous plante une ambiance et vous file la chair de poule. Fabe se sert de cette atmosphère mélancolique pour livrer un texte sincère et résigné, avant de laisser intelligemment l'instru tourner et finir le travail. Un moment magique de plus sur "Détournement De Son", définitivement l'album le plus marquant de Befa.

Caroline

MC Solaar

("Qui sème le vent récolte le tempo", 1991)

Par la voix laconique et la jolie métaphore filée de l'As de Trèfle, toute la France avait un peu le cœur pincé en 1992. Mais ce sont aussi les arrangements raffinés de Jimmy Jay – les violons, la flûte, la ligne de basse – qui font de 'Caroline' la première grande chanson d'amour du rap français. La seule ?

'Caroline' vu par JIMMY JAY (producteur) : "Avec Solaar, on fonctionnait au feeling, sans vraiment se poser de questions. Il avait déjà les textes : 'Bouge de là', 'Caroline' et 'Quartier nord'. C'est ça qui m'avait intéressé chez lui : les trois premiers textes que j'avais entendu étaient incroyables. Pour faire 'Caroline', je suis parti sur la base d'un sample d'une émission de télé qui n'avait aucun sens rythmiquement. J'avais un cousin qui bossait avec moi à l'époque. Je lui ai demandé de préparer des instruments : basse, batterie, violons… Comme on était chez Polydor, on s'était démerdé pour trouver quatre bons violonistes de l'orchestre de l'opéra Bastille. Ils ont fait ça très rapidement, très classe. On avait un clavier Leslie Rhodes – ça fait un son incroyable – et on a loué le tout premier synthétiseur de l'histoire, celui qu'avaient les Beatles. C'était un truc avec lequel tu faisais des boucles à partir de bandes de cassette audio. On a passé un sample de flûte dans ce synthétiseur pour faire la mélodie qu'on entend avant le premier couplet. Si les bandes cassaient c'était un vrai bordel. C'était assez compliqué mais c'est ce qui donne le résultat. La basse a été rejouée par un mec qui s'appelait Laurent Vernerey [NDLR : Laurent Vernerey a participé en fait à 'Bouge de là', pas à Caroline']. Le sample vocal ? Attend, je confond avec 'La concubine de l'hémoglobine', c'est ma voix qu'on entend… Comme dans 'Obsolète' avec les "Ouais… Ha-ha…". C'est moi qui délirais, je ne sais pas pourquoi j'avais fait ça !"

Lire l'interview de Jimmy Jay (septembre 2009)

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