Cherche pas à comprendre

Fonky Family

("Si Dieu veut... Inch Allah", 1998)

"Laisse des feuilles pour l'équipe du trèfle à quatre feuilles / Suivie de près par IAM et le 3eme Œil". Quelques mois plus tard, ces paroles, remplacées en concert, feraient place à d'autres, assassines, sur le terrible 'Sans Titre'. Pour l'heure, l'unité marseillaise était de feu et ce morceau emblématique de l'esprit FF : bordélique, efficace, réaliste, hors-format et poignant.

'Cherche pas à comprendre' vu par PONE (producteur) : "'Cherche pas à comprendre' fait partie des premiers sons qu'on a enregistrés pour "Si Dieu veut...", avec 'Sans rémission' et 'Tu nous connais'. J'ai produit le beat chez moi, sur un sampler S 3200 XL d'Akaï et Cubase pour séquencer, sans doute fin 1996. Je suis parti d'une espèce de sample de saxophone ; là je ne me rappelle plus exactement du titre. Je revois la pochette du disque : il y avait un train dessus et écrit "Orient Express", je crois. J'ai encore le vinyle à la maison. Je l'ai réécouté il y a quelques temps, et même moi j'ai eu du mal à retrouver le sample : c'est un passage perdu au milieu d'un morceau, et que j'avais en plus ralenti à mort. Et pour l'intro de 'Cherche pas à comprendre' c'était un sample du titre 'Sometimes in winter' de Blood, Sweat & Tears.

Ça date d'une période où je passais mon temps à faire du son, parfois plus de 15 heures par jour. Je travaillais beaucoup de nuit, jusqu'à 4 ou 5 heures du matin. A l'époque, Le Rat Luciano, lui, était au contraire un lève-tôt, un truc de malade ! A 8h du mat' il venait sonner chez moi. J'étais à l'envers, mais aussi content de me lever vu qu'on faisait ce qu'on aimait. Je lui faisais écouter les instrus que j'avais faits pendant la nuit – généralement deux ou trois. La plupart du temps il y avait quelque chose qui lui plaisait donc il écrivait et on commençait direct à enregistrer. C'est pour ça que je me retrouve aujourd'hui à avoir des tonnes de morceaux du Rat datant de l'époque, qui ne sont jamais sortis, et qui sont parfois des tueries que j'aurais aimé placer sur "Si Dieu veut...". Mais Le Rat avait déjà un solo sur l'album ['Les mains sales'] et ne voulait pas en avoir plus... Et pourtant je me suis bagarré avec lui pour ça ! [rires]

Les couplets de 'Cherche pas à comprendre', comme beaucoup d'autres, ont été écrits chez moi. J'habitais en colocation avec DJ Djel et Don Choa, dans un appartement à Belsunce, dans le centre de Marseille. C'était un peu le QG du groupe. En général ça se passait comme ça : Le Rat débarquait le matin, puis Sat et Menzo un peu plus tard, vers 14h. Tout a été écrit là, dans ma chambre.

Pour l'anecdote, quand on est allé maquetter pour "Si Dieu veut...", j'avais cet instru, que j'avais enregistré sur DAT. Il durait trois minutes et quelques. Comme le morceau était plus long, on a mis l'instru deux fois d'affilée sur la bande – à l'époque il n'y avait pas Pro Tools, et je n'avais pas pris mes machines avec moi vu qu'on était parti dans un studio à Martigues. C'est pour ça qu'il y a cette coupure au milieu du couplet de Sat, avec l'instru qui s'arrête puis redémarre. On pensait que c'était seulement temporaire, pour se dépanner et pouvoir poser... Mais finalement en le réécoutant on a trouvé que ça faisait un truc pas mal et plutôt original, donc on l'a gardé, même quand on a enregistré le morceau en studio pour "Si Dieu veut..."".

Mon esprit part en c...

Expression Direkt

("La Haine", 1995)

L’hymne officieux de la Kissman attitude est, forcément, estampillé Express D'. Gros beat de funk, récits et gouaille de quartier, 'Mon esprit part en c...' ou le portrait d’une époque chargée. Morceau automatiquement classé dans les cinq premiers par les trentenaires nostalgiques.

Le monde de demain

Suprême NTM

("Authentik", 1991)

C’est officiel : 'Le Monde de demain', sorti en maxi en 1990, est le premier classique du rap français. Vingt ans plus tard, le rap a été déniaisé, Joey Starr et Kool Shen se sont sérieusement décatis, mais le morceau tient toujours la route, grâce à son charme désuet et à son clip classieux.

Génération sacrifiée

Rohff

("Le code de l'honneur", 1999)

Couplé avec 'Au fond du cœur', coincés entre deux saillies sanglantes, 'Génération sacrifiée' était un morceau kery-jamesien. Long, sans refrain, moralisateur et réaliste, il démontrait que, à côté de ses tirades hardcore, Rohff possédait aussi un fond conscient. Celui-là même qui ferait sourire jaune les malins, trop heureux de pouvoir pointer du doigt des contradictions au final très humaines.

Les vrais savent

Lunatic

("L432", 1997)

Hit mobb deepien sur une production de DJ Sek. Avec 'Le Crime paie', 'Les vrais savent' est l’autre pierre sur laquelle Lunatic a construit sa légende au milieu des années 1990. Booba disait des trucs comme : "Ali mon double, moi le sien", ou "leur dernière vision sera un gun et un chauve."
Lire l'interview de DJ Sek (octobre 2009)

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